⛄ Est Ce Que Les Chats Voient Les Esprits
Lesgens doneront leur avis selon leur croyance.. Sinon, en effet ça arrive que les chats bloquent sur des choses qu'on ne voit se concentre-t'ils sur quelquechose, un son ou une onde, que nous ne pouvons percevoir.et qu'ils laissent leur
Ila été récemment porté à mon attention que même la science dominante reconnaît que les chats, les chiens et les autres animaux peuvent voir des fréquences humaines. Après avoir lu à ce sujet un peu, il est logique scientifiquement d'une manière distincte, spirituellement. C'est vraiment simple: l'explication scientifique est que les chats et les chiens peuvent voir la
Lessignes de l’au-delà : Les courants d’air. Un autre signe de la présence des esprits est le changement brusque de température.Alors que vous entrez dans une pièce, vous éprouvez soudain, sans raison apparente, une vive sensation de chaleur ou de froid.Cette sensation de fraîcheur peut être provoquée par un courant d’air, qui se manifeste dans une pièce
Devinezqui voit et entend le plus les Êtres de Lumière ? Des petits compagnons domestiques, qu'ils soient chats, chiens, oiseaux, etc. Parfois même, dans une séance, ils ont un drôle de comportement, ou changent de comportement par après. C'est parce qu'ils ont vu ce que vous ne voyez pas. Les animaux sont très sensibles au monde
Ilest fréquent que les personnes décédées viennent nous rendre visite pendant nos rêves. Non il ne s'agit pas de rêve, mais de la visite de l'âme de la personne décédé. Avec l'élévation spirituelle de notre planète, ce phénomène tend à se généraliser. De plus, les gens n'ont plus honte de parler de phénomènes ésotériques.
Quandles clients arivent et qu'ils voient ce monstre, ils font demi-tour "C'est très gênant pour le bruit et les odeurs. En plus, l'eau qui coule
Cest pour cette raison que les Sahaba furent très surpris lorsque le Prophète a exprimé une inclination pour le Fal, qui est un bon présage. Cependant l e Prophète a défini, à leur intention, où devait s'arrêter le Fal pour qu'il soit islamiquement acceptable. Il
Quepeut l’Etat quand l’antisémitisme est enraciné dans les esprits ? France Culture tente une définition des 'habits neufs de l'antisémitisme' en compagnie du
Estce que les chats voient les fantômes ? La vision des chats est incroyable (voir comment les chats voient les humains et comment les chats voient dans le noir). Alors, il n’est pas idiot de penser qu’ils sont capables de voir une autre réalité que celles que les humains voient, que ce soit un esprit ou un fantôme.
LaNouvelle Lune est particulièrement utile pour évoquer de nouveaux changements et des débuts dans la vie; rappelez-vous que l’énergie de votre espace commence avec vous. 7. Salez chaque coin et seuil de votre maison. Le sel est une autre substance connue pour éloigner les mauvais esprits et les espaces de purification.
Leschats voient très vaguement de loin, et plutôt mal de très près. Il est également à noter que les chats ont une excellente vision nocturne. Et une vue à 200 degrés, contre 180 personnes. En revanche, la vision du chat n’est pas aussi nette que notre vision : jusqu’à un peu plus de 6 mètres pour l’animal, contre 30 à 60 nous.
Index Les chats ont les yeux plus grands que nous. Les chats voient 8 fois mieux avec une faible lumière. Les chats voient plus flou à la lumière du jour. Les chats ne voient pas en noir et blanc. Les chats ont un champ de vision plus
Quest-ce qu'un esprit familier ? 1 Jean 5-19b nous dit que le monde entier est sous la puissance du malin. Il ne s'agit pas de ces esprits qui agissent dans le monde entier, mais bien de ceux que nous côtoyons tous les jours, ou nous influencent et font partie de notre vie quotidienne, nous nous en rendons compte ou pas, que ce soit sur le plan personnel ou familial, dans la vie de
lesoiseaux voient-ils des choses que nous ne voyons pas? Petits bonheurs, drôles d'annecdotes, tout ce qui concerne la vie de tous les jours avec les perroquets. Modérateur: Équipe administratrice. 16 messages • Page 1 sur 2 • 1, 2. les oiseaux voient-ils des choses que nous ne voyons pas? par gwendo2210 » Jeu Juil 17, 2008 8:43 pm . Cette nuit je ne dormais
Etce n’est pas faux. Mais, c’est ce que vous êtes. Disposer d’un don, c’est avoir une grande responsabilité. Votre connaissance des émotions exige aussi de vous que vous sachiez vous protéger et prendre soin de vous. 2. Le don d’apprécier la solitude. Les personnes hypersensibles ressentent un certain plaisir quand elles sont
hcHBar4. Bonsoir a tous, Pour ceux qui ont déjà entendus parler de dons concernant les chats , j'ai souvent entendu dire que les chats pouvais voir les esprits autour de nous ou dans notre maison ? Je me demandais aussi si le chat s'appropriait un seul et unique maître ou si il était attacher a toute la maison sans exception. Merci a tous ceux qui prendront le temps de discuter avec moi sur ce sujet qui me fascine tant chez les chats .. ps ; hereusee proprietaire de simba chaton femelle de 6 mois tres caline tres pot de colle aussi mais je l'adore S'il y a des mauvais esprits qui rodent je suis sûre que les chats les sentent plus qu'ils ne les voient. Mais y a t-il des esprits? Ou sont-ce plutôt des petits rongeurs qui grattent derrière la cloison quand les chats dorment? Pour la seconde question je ne peux pas répondre pour tous les chats. Ma Minette s'attache surtout à moi elle est carrément pot de colle elle aussi et jalouse, mais va aller se faire caresser à toute personne qui vient nous visiter. Les chats sont des êtres uniques. Il n'y a pas deux chats pareils, certains fusionnent avec un seul maitre, d'autres restent indépendants...Soient parce qu'ils n'ont pas rencontré "leur maitre", soit parce qu’ils sont réservés de nature. Oui, je pense qu'ils ont un sixième sens qui leur permet de saisir plein d'informations autour de nous....De fois je pense qu'ils viennent d'une autre planète.
D'hier à aujourd'hui, croyances et superstitions n'ont cessé de marquer les esprits. Culturellement parlant, à travers le monde, de nombreuses espèces d'animaux sont encore et toujours en ligne de mire. Qu'on y croit ou pas, volontairement ou inconsciemment, on est souvent conditionné par ces légendes urbaines. Ainsi, le "chat noir" n'a cessé d'alimenter bon nombre de superstitions. Au Moyen-âge, on associait ce félin au diable, aux sorcières et à la magie noire. A partir de là, les croyances les plus folles n'ont cessé de se multiplier. Dans cet article, nous allons tenter de vous éclairer davantage sur la symbolique et la signification de toutes ces superstitions qui tournent autour de certains sur certaines superstitions bien ancrées sur les chatsEt qu'en est-il des chiens ?D’autres superstitions courantes sur certains animauxDe manière générale, les superstitions s’articulent autour de la chance et de la malchance, du bien et du mal. Le plus souvent, elles naissent d’une simple coïncidence ou de l’incapacité humaine à expliquer certaines choses. Prenons le cas du chat noir, par exemple. Depuis des siècles, ce félin au caractère étrange et au regard intense n’a cessé de fasciner les hommes. Baignant dans certaines croyances païennes, on a fini par lui prêter une secrète connivence avec la sorcellerie. Dès lors, parmi les superstitions les plus célèbres, le fait de croiser un chat noir serait de très mauvais augure. Petit florilège sur ces croyances populaires qui touchent les sur certaines superstitions bien ancrées sur les chatsUn chat noir – source spmBien plus que d’autres animaux, ces boules de poils ont souvent alimenté les superstitions humaines. D’ailleurs, pendant longtemps, les gens s’éloignaient autant que possible des chats, persuadés qu’ils pouvaient porter malheur ou provoquer la malchance. Aujourd’hui encore, dans de nombreux pays, beaucoup de personnes superstitieuses sont convaincues que le fait de croiser un chat noir est synonyme d’un mauvais présage. Selon une autre superstition associée au chat noir, on dit que s’il vient à couper le chemin d’un cortège d’enterrement, une autre personne de la famille devrait mourir dit également que les chats aurait la faculté de prédire le temps qu’il fera si un chat éternue ou qu’il met sa patte derrière l’oreille, ce serait le signe d’une pluie imminente, s’il s’assoit dos au feu, un orage s’approche et s’il aiguise ses griffes, il annonce l’arrivée du revenons à la symbolique du chat noir. D’où lui vient donc cette réputation effrayante d’être l’incarnation du mal? En vérité, cela date du Moyen-âge, où ce félin se retrouvait souvent dans les cavernes des sorcières » et rôdait autour des sacrifices païens. Associé au diable, ce pauvre animal était alors persécuté par les autorités religieuses à cette époque, les chats étaient brûlés ou crucifiés. Au fil des siècles, le chat a retrouvé une place privilégiée auprès des humains, mais de nombreuses superstitions positives et négatives ont encore la dent voici quelques unes Croiser un char noir le 1er janvier serait annonciateur de 365 jours de chat noir qui se balade près d’une tombe indique que l’âme du défunt serait en une jeune femme célibataire écrase par accident la queue d’un chat, elle ne pourra pas se marier dans l’ chat qui éternue 3 fois de suite serait le présage d’une maladie un chat domestique abandonne le foyer, la malchance risque de s’abattre sur son un chat sauvage finit par élire domicile chez vous, il apporte avec lui la bonne vous traversez la route juste après un chat noir, l’un de vos souhaits pourra se d’un chat blanc est signe de grande saviez-vous ? Le chat noir fait peur encore à bon nombre de français. Bon nombre le rejettent encore aujourd’hui, craignant qu’ils n’attirent le malheur et la malchance. En revanche, les anglais ont une toute autre perception. Ce félin noir est plutôt perçu comme un porte-bonheur. On dit qu’il permet aux jeunes filles de se marier plus rapidement et qu’il aide à remporter de grandes qu’en est-il des chiens ?Un chien blanc – source spmVous ne le saviez peut-être pas, mais il y a également beaucoup de superstitions sur les chiens. Le meilleur ami de l’homme aurait donc lui aussi un pouvoir mystique. Selon certaines croyances, si vous voyez un chien blanc, c’est un signe de chance. S’il se met à aboyer à la porte sans raison, cela peut être de mauvais augure et annoncer la mort de quelqu’un. On dit aussi que si un chien mange de l’herbe, cela signifie que la pluie arrive. Une autre superstition dit que vous aurez de la chance si un chien étranger vous suit jusqu’à chez vous. Dans la culture indienne, le chien se dote d’une aura protectrice contre les mauvais esprits, en particulier le chien noir. Côté français, il apparaîtrait que marcher sur une crotte de chien avec le pied gauche porterait chance ! Selon d’autres croyances européennes, le chien serait annonciateur d’un conflit, d’une dispute voire même d’un divorce, s’il passe entre l’homme et la femme qui marchent l’un à côté de l’autre. Enfin, beaucoup font confiance au flair de leur chien s’il se met à aboyer ou à grogner devant une personne sans raison évidente, c’est qu’elle est malveillante ou indigne de superstitions courantes sur certains animauxL’hirondelle, un oiseau porte-bonheur A travers le monde, il faut croire que l’hirondelle serait une messagère de bonnes nouvelles. Selon de nombreuses croyances, elle symbolise la pureté, la chance, la fécondité, la loyauté et le l’hirondelle stridule et chante à l’aube devant votre maison, attendez-vous à avoir une bonne dose de chance dans les jours qui dit que si une hirondelle entre dans votre maison, cela signifie que vous recevrez de bonnes nouvelles. Et si elle fait son nid sous votre toit, la chance et le bonheur entreront chez vous. En revanche, si elle quitte le nid, elle emporte cette bonne fortune avec rêvez d’une hirondelle qui plane en rasant l’eau? Il est fort probable que vos soucis du moment finiront par vite coccinelles sont-elles bienfaitrices ?Tenir une coccinelle – source spmSurnommée Bête à bon Dieu », la coccinelle est une petite créature très singulière par son apparence attendrissante et sa carapace rouge à petits pois. La croyance la plus célèbre que l’on connaît tous elle porterait chance à la personne sur laquelle elle vient se poser. Quand cela vous arrive, ce serait le signe que votre journée sera au beau fixe. Elle est donc de très bon augure et il ne faut jamais la tuer sinon vous éloignerez cette bonne fortune. Pour beaucoup de gens, cet insecte serait un messager divin » qu’il faut respecter et traiter avec soin. On dit également qu’elle exauce certains souhaits et que le nombre de ces pois serait celui du nombre des mois chanceux dont vous pourriez fer à cheval, un talisman puissantDepuis toujours, le fait de suspendre un fer à cheval au-dessus de la porte d’entrée de la maison est une protection magique et très puissante contre les mauvais esprits. Dans certaines cultures, ce talisman favorise également les rentrées d’argent et les promotions professionnelles. Aujourd’hui encore, on en trouve souvent accroché au mur pour porter chance aux membres de la maison. Pourquoi ? Tout simplement parce que sa forme croissant de lune était une source de très bon présage pour les romains et que son matériau, le fer, est également réputé pour repousser les ondes négatives et les esprits malveillants. Aux Etats-Unis, il aurait même le pouvoir de chasser les fantômes qui hantent la maison. Et si vous le portez comme pendentif, le fer à cheval éloignerait le mauvais œil. Toutefois, si le fer à cheval tombe, cela peut signifier l’avènement d’un grand malheur, au même titre qu’un miroir qui se saviez-vous ? Une autre superstition indique qu’il ne faut jamais changer le nom d’un cheval, sinon cela porterait malchance à son au cri du hibou !Pauvre hibou, c’est l’un des oiseaux les moins appréciés et celui qui nourrit les superstitions les plus sombres. Messager de la mort chez les romains, symbole morbide chez les Egyptiens, le hibou traîne une mauvaise réputation depuis très longtemps. Malgré le fait que les philosophes et les poètes le voient comme un animal mystérieux, mystique et plein de sagesse. Celui qu’on appelle souvent oiseau de malheur » aurait un cri singulier et effrayant s’il hulule durant la journée, cela porte malheur et cela annonce un triste présage. De même, si vous rêvez d’un hibou ou si vous en voyez un sur le toit de votre maison, l’avenir risque d’être tragique et funeste. Porteurs de malchance, d’après les superstitieux, le hibou comme la chouette ont un chant très funeste, présage morbide du décès d’un proche. Lire aussi Pourquoi les chats aiment-ils se cacher dans des boîtes en carton ? Le mystère enfin résolu
La réaction d’un chien devant peut être un fantôme On sait très bien que les animaux peuvent détecter des choses, des présences qui ne sont pas accessibles par les 5 sens de l’être humain. Toute la famille était à l’étage et à 9 heures du matin, ils entendent tous un bruit au RDC à la maison et en descendant lui et sa mère trouvent la poubelle couchée sur le sol. Il vérifie l’enregistrement de sa caméra de sécurité et ce qu’il y découvre l’a profondément allez voir un objet qui bouge jusqu’en dessous de la table et le chien qui court. Sauf, que ce n’est pas le chien qui court après l’objet, c’est l’inverse, le chien qui cherche plutôt à fuir, puis il reste dans le coin comme s’il avait peur de revenir… Enfin je vous laisse visionner la vidéo Un être humain peut mentir sur son attitude, mais un chien jamais et on voit qu’il a peur devant une maison qui peut être hanté… Eric Auteur de livres, d'e-books, d'audio et de vidéo en développement personnel et spiritualité. 40 ans d'expérience et de pratiques réunies enfin sur ce site. 836 articles Extrait de la vidéo Voici la maison hantée la plus célèbre du monde. Elle se trouve dans la petite station balnéaire d’Amityville […] Dans la série photo de fantômes non expliqués, je vous propose ce mois-ci l’aviateur mort qui se retrouve sur la photo. Ça […] Cette histoire vraie est décrite sur un site anglais de soutien pour les forces armées en Irak, en Afghanistan, etc. Michael Bristow […] Voici des histoires ou légendes parmi les plus effrayantes où donnant la chair de poule de l’encyclopédie en ligne Wikipédia. Joyce Carol […]
◄ Édith Silve chez Bernard Pivot en 1985 Jean marc Froidure Il était une voix ▼ Notes ▼ À l’occasion de la publication de cette page, Maxime Hoffman a bien voulu exécuter spécialement pour ce portrait d’Édith offrant ce dessin, Maxime a bien insisté pour que soit indiqué qu’il avait été exécuté sur un coin de table ». Ah, ces artistes ! Afin d’enrichir cette courte page d’été un texte a été demandé Jean-Marc Froidure qui a bien voulu rédiger Il était une voix, que l’on peut lire infra. Émission du 24 janvier 1986 disponible de nos jours sur le site web de l’Ina1. C’est la seconde fois en moins de cinq mois qu’Édith Silve a été invitée à une émission de Bernard Pivot. Cette émission commence par un avertissement de Bernard Pivot Deux des cinq livres qui vont vous être présentés ce soir sous le titre général de Les désordres de l’amour sont d’une nature un peu particulière. Il se pourrait donc que la conversation à propos de ces deux livres devint elle-même un peu particulière. J’en préviens les oreilles chastes ou innocentes. En fond de générique, des images tirées des Contes des mille et une nuits illustrés par Alain Thomas chez Hervas 1985, 96 pages. Cet éditeur semble ne plus exister. Bernard Pivot présente ses invités De gauche à droite Patrick Grainville, François Nourissier, Bernard Pivot, Édith Silve, Karine Bériot et Rauda Jamis Bernard Pivot Édith Silve, vous êtes professeur au lycée Bergson à Paris, vous êtes spécialiste de Léautaud, vous étiez venue même ici présenter votre Léautaud et le Mercure de France et vous publiez, préfacez et annotez, au Mercure de France, toujours, le Journal particulier de Paul Léautaud, et pour être particulier, ce journal, il l’est ! Karine Bériot, journaliste, traductrice, romancière, vous nous proposez, sur une femme qui a merveilleusement célébré l’amour, Louise Labé, à la fois une biographie et un essai intitulé Louise Labé la belle rebelle et le François nouveau aux éditions du Seuil. Cet ouvrage a été récompensé par la société des Gens de lettres. Rauda Jamis, vous êtes journaliste, traductrice, née d’un père mexicain et d’une mère cubaine. En attendant votre premier roman qui doit paraître dans quelques mois, voici une biographie de Frida Kahlo, une femme assez extraordinaire dont nous parlerons tout à l’heure. Cet ouvrage est paru aux presses de La Renaissance. Édith Silve, Karine Bériot, Rauda Jamis, Bernard Pivot, Patrick Grainville et François Nourissier Patrick Grainville, professeur de lettres au lycée de Sartrouville, critique de cinéma à l’hebdomadaire VSD, romancier — prix Goncourt 1976, il y aura donc bientôt dix ans, pour Les Flamboyants — voici votre neuvième roman, aux éditions du Seuil et il y a vingt ans un livre comme celui-ci aurait vraisemblablement, été sinon interdit à la vente, en tout cas interdit de… oh, je ne sais pas, interdit de présentation dans les librairies, etc. Et puis alors François Nourissier, de l’Académie Goncourt, qui nous propose d’abord votre dernier roman, La Fête des pères aux éditions Grasset, puis la réédition de votre premier roman, vous l’aviez écrit vers 24-25 ans, qui s’intitulait L’Eau grise et c’est les éditions Stock qui ont eu la bonne idée de le rééditer. Bernard Pivot commence par ce dernier nommé puis à Rauda Jamis avant d’arriver à Édith Silve à la trentième minute de l’émission. [3000] Bernard Pivot Alors on va passer à un autre couple alors vraiment particulier, c’est le moins qu’on puisse dire, c’est Paul Léautaud avec Marie Dormoy. Alors présentez-nous ce couple au moment où ils vont… Édith Silve Bon, je dois préciser avant de parler de ce couple, que cette publication est faite à la demande de l’exécuteur testamentaire de Marie Dormoy… B. P. [qui interrompt Édith Silve] Non, non… on n’est pas dans un truc officiel ici, ne faites pas de déclaration officielle, on va y venir… É. S. Mais je ne fais pas de déclaration officielle… B. P. Je vais vous poser des questions après… On verra, on verra. Mais il faut que les gens comprennent. Après on verra pourquoi c’est peut-être osé ou risqué de publier. Mais moi je voudrais d’abord… Présentez-nous les deux personnages, tout le monde ne connaît pas Léautaud et Marie Dormoy, alors… Léautaud il a quel âge, à ce moment-là ? É. S. Léautaud à cette époque a soixante-et-un ans. Et lorsqu’il rencontre Marie, elle est bibliothécaire à la bibliothèque Jacques Doucet et elle a quarante-six ans. Léautaud est frustré dans ses amours, Marie, elle, de son côté est très malheureuse, elle achève une liaison avec l’architecte Auguste Perret2. Et lorsqu’ils se rencontrent, en 1933, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas l’explosion d’amour, Léautaud découvre une femme, d’abord qu’il n’aime pas. Et il commence un journal, un journal intime, qui est d’ailleurs une branche annexe du Journal littéraire dans laquelle il consigne au jour le jour l’évolution de cette liaison, qui est, il faut le dire, une liaison érotique. [31 40] B. P. Oui mais vous dites même dans la présentation de ce Journal, vous dites que c’est purement et simplement un journal obscène. É. S. Non, je n’ai pas dit que c’était un journal obscène. C’est un journal qui a des… qui a peut-être des côtés obscènes mais il ne faut pas oublier qu’au fur et à mesure qu’on avance dans cette liaison Léautaud découvre l’amour… B. P. Excusez-moi mais je vais vous lire votre introduction, c’est page dix, voici le paragraphe Car c’est d’abord un journal obscène que le lecteur va découvrir, dissimulé au cœur du journal intime » alors, je suis désolé mais si… vous ne pouvez pas dire dans votre préface que c’est un journal obscène et après ici dire que ça ne l’est pas. É. S. Oui. C’est un journal obscène, c’est vrai parce que le langage de Léautaud a une certaine vulgarité, c’est le langage que l’on utilisait peut-être… C’est un langage populaire et souvent militaire car il part à l’assaut de Marie et lorsqu’il la découvre il dit d’abord qu’il voit un gros boudin, qu’elle n’a pas de taille, qu’elle est aussi grosse en haut qu’en bas, qu’elle n’a pas la bouche faite pour euh… certains exercices, c’est le vocabulaire de Léautaud, elle ne s’épile pas là où il aime que les femmes s’épilent et puis elle ne sait pas prononcer des mots polissons au bon moment parce que Léautaud en a besoin pour, dit-il, se mettre en condition et c’est… c’est un déchaînement d’agressions physiques contre le corps de Marie. Elle n’est pas belle, elle a la peau rêche… [33 09] B. P. lisant Alors, c’est triste à dire, pas du tout jolie de visage, elle est de plus horriblement faite, pas de taille, pas de hanches, pas de croupe, aussi grosse en haut qu’en bas, un gros boudin, par-dessus le marché une peau, une carnation affreuse, je ne suis pas fier de ma conquête3. » C’est absolument effrayant. C’est effrayant. É. S. Oui. Et le Journal tout le… va s’appliquer à découvrir petit à petit la… la beauté cachée de cette femme. B. P. Oui. Alors pourquoi, d’abord, lui cède-t-elle ? parce que… É. S. Elle lui cède pour deux raisons. D’abord elle-même est malheureuse, elle a perdu… Elle a été obligée d’avorter plusieurs fois d’un amant qu’elle aimait — je viens d’en parler — d’Auguste Perret, elle est un écrivain plus ou moins raté, elle a envie d’aimer mais d’aimer maternellement et puis elle est curieuse du Journal littéraire que Léautaud tient. J’ai d’ailleurs consacré une étude longue à cette partie de la version4 de Léautaud. [34 10] B. P. Elle le fait, c’est pour obtenir le manuscrit du Journal. É. S. Euh… Je pense que c’est pour le sauver des… de tous les rapaces qui rêvent de se l’approprier. Léautaud veut le faire acheter, enfin… Léautaud était prêt à le vendre à n’importe quel collectionneur pour entretenir sa ménagerie. À cette époque il avait peut-être 35 à 45 chats et douze à quinze chiens et tout ça ça coûtait cher. La vie qu’il avait au Mercure de France ne lui rapportait pas assez d’argent. B. P. Est-ce qu’elle ne s’est pas donnée à lui tout simplement parce qu’elle s’est dit pour moi c’est le seul moyen de… pour moi d’avoir un jour ce Journal » ? É. S. Non… Vous êtes un peu dur avec Marie. Je crois qu’il y a… B. P. Non je ne suis pas dur mais moi je vous lis Marie accepta tout dès le premier jour, même — et je vous cite — l’odeur âcre, sûre et de sueur et de linge mal lavé qui s’échappa du pantalon de son nouvel amant, écrira–t-elle. » Écoutez… moi je n’invente rien, c’est vous qui écrivez ça. Alors je me dis mais pourquoi a-t-elle cédé ? » É. S. Eh bien je crois que elle a… Il y a plusieurs choses qui l’ont poussée. C’est d’abord cette grande solitude. Elle le dit dans ses Mémoires. Il y a trente pages qui concernent Léautaud et elle dit que… elle avait envie de… de s’approcher de ce vieil homme pour son Journal littéraire mais aussi pour son immense solitude. [35 22] B. P. Et lui, alors ? Pourquoi fait-il sa conquête alors qu’il la trouve laide, affreuse ? É. S. Parce que Léautaud mène toujours plusieurs affaires à la fois. Et contrairement à ce qu’il écrit dans ses aphorismes, Léautaud a une maîtresse officielle, c’est Anne Cayssac, c’est elle qui lui fait les petits plats entre midi et quinze heures, et en même temps c’est celle à qui il va faire une petite minette entre midi et quinze heures quand il sort du Mercure de France. B. P. C’est celle qu’il appelle Le Fléau… É. S. Alors il l’appelle Le Fléau, La Panthère, ma chère putain, cher et adorable cul, Madame… Jamais Anne Cayssac. Ce sont des rapports… alors là on peut parler… d’obscénités… B. P. Ah oui… É. S. C’est d’un érotisme forcené, et d’ailleurs euh… on peut… on peut juger les lettres qu’il a écrites à Marie en lisant la Correspondance générale. Vous en avez un bel exemple, elle a été publiée en 1972. Mais justement je ne veux pas que vous tiriez Marie de ce côté. Vous… Il ne faut pas oublier que Marie c’est une femme de lettres, cultivée, intelligente, sensible, qui petit à petit va, elle aussi, en quelque sorte, tomber amoureuse de Léautaud, qui va se laisser fasciner par Léautaud. Et Léautaud, lui, va tomber amoureux de Marie. [36 41] B. P. Oui. Mais il la trouve pas mal, à la fin. Vous le dites d’une façon, Monsieur Pivot É. S. Mais à la fin… mais… Vous le dites d’une façon, Monsieur Pivot, mais qui détruit… non ça n’est pas vrai. C’est incroyable de voir apparaître sous la loupe, parce que j’ai travaillé avec une loupe, pour décrypter ce manuscrit… B. P. Oui, là vous avez du mérite, hein, parce que… É. S. Je vous assure que c’est illisible — je mets une heure pour décrypter une page — on voit apparaître les mots de la tendresse dans ce journal. Léautaud n’a jamais de sa vie prononcé le mot Ma chérie mon chéri ». Il n’a jamais dit un mot tendre de sa vie. Quand on pense que Léautaud est un enfant abandonné qui disait à l’âge de sept ans quand il écrivait à sa mère Chère Madame ». Chère Madame. C’est tout ce qu’il a connu de sa mère. À trente ans, quand il l’a rencontrée il a osé lui écrire des lettres d’amour et en un an tout cet amour a été foudroyé P. Grainville C’est vrai qu’il a une grande peur de l’amour. Il est enfermé dans une forteresse, dans une espèce d’égoïsme comme ça, cynique. Tout ce qui peut le faire tomber l’effraie. Et la beauté de cette chose, ou ce manque de beauté, je veux dire, ce qui est beau, c’est que ça ne cherche pas à faire des grâces, une espèce de croquis, cynique, comme ça, bon et… Ce n’est pas tellement audacieux, il dit Je b…, je br… », je ne sais pas ce qu’il faisait [rires de tous les participants] alors que Genet à la même époque disait je bande », je branle »… É. S. Quand [inaudible5] écrivait les mots, vous ne… hein ? P. G Problème générationnel. C’est assez bizarre parce que c’est audacieux et en même temps c’est très puritain, quand même. É. S. Très puritain. [38 05] B. P. Mais, François Nourissier, vous avez connu Léautaud ? F. N. Non, je n’ai pas connu Léautaud. Mais j’ai rencontré Marie Dormoy. B. P. Ah ! Alors ? F. N. J’ai rencontré Marie Dormoy en 52… Euh… parce que j’avais eu un drôle de petit prix qui s’appelle le prix Fénéon6… B. P. Pour L’Eau grise ? F. N. Pour L’Eau grise… qui était géré par l’université et dont Marie Dormoy était la secrétaire… Et on m’a dit — Paulhan, Paulhan m’a dit Il faut absolument aller voir Marie Dormoy, vous verrez, c’est quelqu’un de de… C’est quelqu’un de passionnant », alors je suis allé dans le fameux bureau de la bibliothèque Sainte-Geneviève et je me suis trouvé devant une dame que tout le monde dit grande », moi je n’ai pas le souvenir d’une dame de grande taille… É. S. Elle était devenue un pot à tabac, sur le tard… F. N. Elle était plus large… B. P. [à Édith Silve] Vous n’allez pas vous y mettre vous aussi É. S. Oui mais enfin, c’est la réalité, faut le dire F. N. Elle était plus large que grande, ça me parait… B. P. Elle était plus large que grande ? F. N. Elle était plus large que grande… B. P. Donc Léautaud n’avait pas tort… F. N. Elle avait un peu le genre… le genre Adrienne Monnier, vous savez, le genre robe de bure, comme ça… É. S. Mais elle était belle, en 1933, on n’imagine pas la femme splendide que c’était F. N. En 52, les traces n’étaient pas évidentes, c’était une personne d’une grande culture, très sinueuse, très charmante… [39 10] B. P. Et vous saviez toutes ces choses-là à cette époque ? F. N. Mais non, bien sûr que non. É. S. Oh bien non, ce n’est pas possible. B. P. Alors, qu’est-ce qu’on a… F. N. Ça… Tout à l’heure je vous ai dit… Je vous ai dit que je trouvais un peu de chiennerie dans ce manuscrit parce que tout d’un coup j’ai collé les mots à l’image de cette vieille dame, euh… Ça devient un peu gênant. Ça devient un peu gênant. B. P. Ça devient un peu gênant. [B. P. se tourne vers Édith Silve] Alors Robert Mallet, qui a bien connu Léautaud, et qui a fait des entretiens inoubliables, avec lui, devait avec vous présenter ce Journal particulier mais il m’a dit au téléphone Ah non, je ne peux pas venir parce que… É. S. Allez-y, je vous laisse finir. Oui, oui. B. P. Il m’a dit je ne peux pas parce que je suis contre la publication de ce Journal, non pas — me dit-il — par pruderie, ce n’est pas ça, mais tout simplement, je trouve, ça n’ajoute rien à la gloire de Léautaud et de Marie Dormoy, au contraire, même, c’est… c’est… c’est pas bien du tout et il trouve que c’est une mauvaise action que ce journal ait été publié. É. S. Alors Robert Mallet serait d’accord pour qu’on brûle ce journal. C’est une branche annexe du Journal littéraire, si Robert Mallet l’avait lu il verrait, cinq juin 1933 voir journal courant ». C’est un fragment du Journal littéraire que Léautaud appelait aussi communément journal général ou journal courant. Alors je ne vois pas pourquoi on exercerait une censure à propos de ce journal, qui est la partie la plus intime, la plus retirée de l’homme de lettres. [40 27] B. P. Qui appartenait à Marie Dormoy. É. S. Qui appartenait à Marie Dormoy, laquelle l’a remis à l’exécuteur testamen… à son exécuteur testamentaire, Monsieur Étienne Buthaud, qui est magistrat à la Cour d’appel de Poitiers, magistrat honoraire maintenant, et qui m’a demandé, pour achever et finir le travail que j’avais fait sur Léautaud et le Mercure de France de bien vouloir décrypter ce journal — parce qu’il faut s’y atteler, à ce décryptage — l’introduire et l’annoter, ce que j’ai fait. Je consacre donc des heures et des heures à ce travail, comme il se doit. B. P. Et vous avez été scandalisée par ce que vous avez lu, ou pas ? É. S. Ah j’ai… j’ai été… moi je n’ai… Enfin disons que je n’ai jamais passé ma vie ni mes études à lire des journaux ou même des romans érotiques… j’ai été… extrêmement surprise… Imaginez que je travaille avec une grosse loupe, puisqu’on ne peut pas lire ce roman. Et quand on m’a remis ces boîtiers hermétiquement fermés, qui sont fermés depuis peut-être vingt ans, j’ai ouvert et j’ai… je suis allée acheter une loupe, ne pouvant rien faire. Rien deviner, rien comprendre. J’ai commencé à lire… C’était pas possible, ce que je lisais. C’était effroyable. Mais au fur et à mesure, je les ai vus apparaître, les mots de la tendresse. Et là, eh bien là mon cœur a battu. Je suis désolée de le dire. B. P. S’il n’y avait pas eu ces mots de tendresse vous ne l’auriez peut-être pas publié ? É. S. Si, si, je l’aurais quand même publié, par honnêteté, parce que c’est Léautaud. [41 49] B. P. Alors, François Nourissier, fallait-il publier ? F. N. De toute façon, l’idée qu’on puisse détruire, occulter ou brûler un texte après la mort d’un écrivain, c’est monstrueux. É. S. Mais c’est affreux. On peut le faire avec n’importe quoi ! C’est monstrueux. F. N. Un écrivain doit prendre ses précautions — et très tôt — et faire disparaître ce qu’il estime devoir disparaître. Cela dit, les héritiers qui empêchent qu’on publie des inédits et tout ça, c’est scandaleux. Donc je crois, là, vous avez… vous avez raison, il fallait [inaudible Montrer ça ?]. É. S. Non, puis… vraiment, mais et puis Léautaud dans son journal-même il nous renvoie lui-même à son Journal littéraire, parce qu’il souhaite qu’il soit publié, il ne veut pas qu’on le cache. B. P. Alors vous qui connaissez bien Léautaud même si vous ne l’avez pas… pas connu… É. S. Cette image, enfin… ça me suffit [très incertain]. B. P. …mais simplement, comment expliquez-vous que… il nous raconte tout, dans ce Journal particulier. Ses ratés, de temps en temps avec Marie Dormoy… É. S. Il a des côtés… B. P. …de temps en temps il note tous ses orgasmes, etc., il note tout ça… mais pourquoi ?… qu’est-ce que [fin de phrase inaudible] É. S. Il a des côtés stendhalien, écoutez… B. P. C’est vrai qu’il adorait Stendhal. É. S. …les plus grands amours commencent peut-être par des fiascos, oui, on le voit rater, rater, rater, là, Léautaud commence par un beau fiasco… P. Grainville [début inaudible] il lui fait minette pendant des heures et après il dit je suis trop fatigué maintenant, je ne peux plus passer à l’action ». Alors on se demande s’il fait ça par altruisme ou bien s’il fait ça parce qu’il est bloqué, on ne sait pas, mais peut-être qu’il est altruiste… Il y passe des heures à s’occuper d’elle. Alors on se demande si c’est par a… [43 07] É. S. Oui mais ça c’est un côté qui relève peut-être de la psychanalyse, Patrick Grainville, je ne sais pas. En ce qui concerne les hauts… En ce qui concerne les hauts et les bas de Léautaud, euh les facultés pour euh… bander ou pas, écoutez… F. Nourissier Il y a des hauts dont il se vante quand même abondamment. Il y a des hauts de deux heures qui sont assez impressionnants… É. S. Ah oui, ça, vraiment… F. N. …vous le remarquez vous-même avec un peu de méfiance7. É. S. Oui, oui, je suis quand même… Je pense qu’il a un côté épique, par moments. B. P. Et d’envie… É. S. Et d’envie ! [rire d’É. S.] B. P. Bien. Alors voilà qui… enfin c’était… Bon… Alors vous êtes… Mesdames, là, vous étiez… Karine Bério vous n’avez pas dit, là, vous qui… vous avez parlé tout à l’… Louise Labé… il fallait publier ce Journal ou pas ? K. B. Ah oui je pense tout à fait que c’est un document… je ne dirais pas que j’en ferais mes délices euh… quotidiens parce que je… j’éprouve certaines difficultés à lire ce genre de littérature mais je trouve ça tout à fait nécessaire et important que l’on ait un témoignage de cette nature sur la difficulté d’aimer et sur la solitude de l’égoïste qui ne l’est peut-être pas par naissance, qui l’est sans doute par circonstance. Et je crois qu’il y a un retournement de la détresse à un certain moment, dans l’excès-même, dans la violence de cette haine, de cette obstination qui est, qui presque, enfin, pourrait s’ouvrir sur son contraire. Enfin j’y vois une certaine forme d’amour dans l’acharnement. [43 34] É. S. Qui s’ouvre sur son contraire, car Léautaud tombe amoureux à soixante-et-un ans. On peut le souhaiter à beaucoup. [Édith Silve semble très en colère de ce qu’elle vient d’entendre et tourne le dos à son interlocutrice] K. B. Pas tomber amoureux de cette manière-là ! É. S. Ah non, mais excusez-moi, non [Édith Silve semble s’adresser à François Nourissier, que l’on n’a pas entendu et que l’on ne voit pas] mais je pense qu’il y a beaucoup d’hommes qui, à soixante ans pensent que… B. P. Vous visiez Nourissier ? É. S. Non, non, non, je pense pas à lui mais il y a beaucoup d’hommes qui à soixante ans s’imaginent que la vie est finie, c’est pas vrai, Léautaud démarre à soixante ans, c’est aussi une éducation sentimentale. B. P. Pour démarrer, il démarre. F. N. Pas au quart de tour. É. S. Pas au quart de tour. [45 04] B. P. Alors, Patrick Grainvile, ce roman, Le Paradis des orages… érotique, pornographique, obscène… rayez les mentions inutiles… Générique de fin Notes 1 https // 2 Achève une liaison » est beaucoup dire. Grâce à la publication, en 2009, de la Correspondance entre Auguste Perret et Marie Dormoy par Ana bela de Araujo aux éditions de Linteau 549 pages, nous savons que Marie Dormoy est resté en contact avec Auguste Perret et l’a vu jusqu’à sa mort à lui en février 1954. Quant à la nature exacte de leur liaison à cette époque… 3 05 juin 1933. Ce propos violent sera atténué dans le Journal Particulier au 9 janvier 1936 Il y a des mois et des mois que je veux corriger et même supprimer un détail dans ce journal de ma liaison avec Marie Dormoy. J’ai noté, je crois bien, au début de ma liaison, qu’elle a une vilaine peau. J’ai manqué d’observation et de réflexion. Quand j’arrivais à nos rendez-vous chez elle, à cette époque, elle sortait, presque chaque fois, des mains de son masseur. Elle en avait la peau échauffée, rougie, presque tuméfiée. » 4 version peu vraisemblable et inaudible, Édith Silve étant interrompue par Bernard Pivot. 5 Peut-être un personnage du roman de Patrick Grainville. 6 Les prix littéraire et artistique Fénéon accompagnent et favorisent l’émergence de jeunes talents dans le domaine des arts et des lettres. / Le prix littéraire est décerné à une jeune auteure, publiée en langue française, âgée de moins de 35 ans, de condition modeste, afin de l’aider à poursuivre sa formation. » site web de la chancellerie des universités de Paris. 7 Dans son Introduction au Journal particulier de 1933, Édith Silve écrit Pourtant, nous avons un doute sur la durée et la fréquence de ces “bandaisons”, comme aurait dit Brassens ; il y a quelque chose d’épique qui nous laisse rêveur “Deux heures en position” ? C’est beaucoup ! Et à soixante et un ans ? Il faut l’admirer ! » Voir le Journal particulier au 17 décembre 1933. Il était une voix Un écrivain, c’est d’abord une voix, disait Samuel Beckett. Le dramaturge irlandais entendait par là un style d’abord quelque chose de reconnaissable entre tous. Une manière de ponctuer ses phrases à nulle autre pareille. Mais également une présence. Des hommes à style — nous en connaissons au moins deux, immenses, au siècle dernier Proust et Céline. Sur Léautaud, la question reste en suspens. Chacun a son opinion. Respectable. Ma rencontre avec Léautaud se situe au carrefour de l’affirmation de l’auteur d’En attendant Godot. Je ne suis pas sûr aujourd’hui d’avoir été conquis par son style. Ni même d’avoir entendu une voix dans ses phrases. Je suis de l’avis de Buffon et de Sainte-Beuve pour le coup. Le style c’est aussi, mais surtout, l’homme. Mon intérêt pour l’écrivain Léautaud ne passa pas par la lettre lue, mais par l’oreille. Tout commença en fait par un son. Ayant lu son œuvre de long en large depuis plus de vingt ans, et me penchant avec bonheur sur ces années d’avant, je prends une date dans mon agenda de l’époque et je recopie cette phrase, datée du 10 décembre 1992 à 11 J’ai écrit au Mercure de France aujourd’hui pour leur demander de me donner les coordonnées d’Édith Silve, présidente des Cahiers ». Quelques mois auparavant, au milieu d’une émission de France-Culture traitant de l’amour et de la littérature, j’avais été ébranlé, secoué, sonné comme un boxeur par l’irruption fracassante d’une voix dans mon univers. Une voix de théâtre, autoritaire et puissante, que le martèlement de la canne sur le sol venait appuyer plus encore. Cette voix disait tout le mal qu’elle pensait du sentiment amoureux, et cette opinion si malaisante était en contradiction presque totale avec celle des auteurs qui avaient été choisis pour témoigner dans l’émission Mauriac, Malraux, Colette, Albert Cohen, Breton… excusez du peu. J’étais piqué. Qui était donc cet homme qui parlait sans fard et sans filtre aucun ? Paul Léautaud venait alors d’entrer dans ma vie comme un coup de tonnerre sur le toit d’une maison Je peux vous garantir que je n’ai jamais dit à une femme je vous aime. Jamais ! … Vous êtes un petit Roméo, Mallet. Vous avez du sentiment ». Et cela continuait ainsi pendant une heure. La singularité de cette voix qui allait séduire les auditeurs et charmer les écrivains Mauriac en parle dans ses Mémoires, et de ce rire, ce fameux rire ! mélange à la fois de cocasserie et d’acidité, il fallait que j’en devine les ressorts et que j’aille un peu humer la créature de près en le lisant d’abord, puis en écrivant à celle qui en était la biographe attitrée ensuite. Édith Silve me répondit quelques jours plus tard, en me remerciant chaleureusement pour mon adhésion aux Cahiers. Nous allions nous écrire ensuite deux à trois fois dans l’année qui suivit. Je lui demandais le plus souvent des informations sur la parution des cahiers et sur leur contenu. Elle me répondait toujours de manière épisodique mais précise. Son emploi du temps de professeur de lettres et de présidente des Cahiers ne lui laissait à vrai dire que peu de temps libre. Elle m’adressa pourtant cette année-là une lettre un peu plus longue sur ses animaux, me parlant de sa chienne aux portes de la mort et pour laquelle elle donnait, je cite tous ses soirs, négligeant courriers, visites, sorties ». Ma première rencontre avec elle se déroula, sur son invitation, une petite année plus tard au dîner des Cahiers du 5 mai 1994, à Paris. À l’entrée d’un restaurant chaleureux et cossu du 12e arrondissement, on me présenta à Édith, gardienne de la soirée, qui, sentant ma gêne et mon émotion , me dit que je ressemblais à un héros de Stendhal à son premier rendez-vous amoureux. La glace était rompue. Du Cher Monsieur », elle passa la même année et après m’avoir vu en chair et en os, à mon cher petit » dans ses lettres. Maintenant que je vous ai vu… vous appeler Monsieur… je préfère jean marc, ça vous va tout de même mieux » m’écrira-t-elle. En serai-je touché ? Oui, bien évidemment. Ce ton, cette affection, c’était en somme ce qui la caractérisait et qui doit encore la caractériser aujourd’hui… Avait-elle eu des enfants ? Elle n’en parlait jamais. Était-ce un regret chez elle ? Je ne le sus jamais. Des lettres qu’elle m’envoya pendant cette année, j’en retiens une notamment dans laquelle elle me parlait de Comédie d’amour, le film sur Léautaud et Anne Cayssac, incarnés à l’écran par Michel Serrault et Annie Girardot. Elle en était peu satisfaite à vrai dire. Elle avait beaucoup travaillé sur le scénario mais n’avait pas été écoutée dans ses conseils de jeu par Michel Serrault. Seul Serge Gainsbourg qui avait été approché pour le rôle de Léautaud juste avant avait bien accepté d’être, je cite son élève ». Un des numéros des Cahiers raconte cette histoire. Nous nous revîmes l’année d’après, au même repas des Cahiers où elle s’excusa encore de m’écrire si peu sa politesse coutumière était aussi d’une charmante séduction. Elle était en butte aux ayant-droits de Léautaud et cela lui prenait un temps considérable en plus de son activité professionnelle. Elle me présenta ce soir-là à son avocat, Christian Gury biographe de Maurice Rostand, et à Jean-Pierre Nedellec qui préparait un ouvrage sur Georges Perros, avec qui Léautaud échangea quelques lettres. Nous parlâmes pendant plus d’une heure de choses et d’autres du portrait de Léautaud prévu dans la collection Un siècle d’écrivains auquel elle ne participerait malheureusement pas, et des nombreuses pages inédites du Journal littéraire 600 pages ! » non publiables dans l’état, révélant des détails croustillants sur la collaboration active de certains auteurs pendant la seconde guerre mondiale et le récit inédit de séances » intimes avec Marie Dormoy, mais surtout avec Anne Cayssac, qui constitueront l’autre partie du Journal particulier, publié par fragments à partir de 2010. Nous rîmes ce soir-là de bon cœur, car elle avait déchiffré ces inédits brûlants » à la loupe, et trouvait tout de même que les perversions sexuelles de Léautaud étaient parfois à la limite du ridicule. Je me souviens que plus tard, alors que la nuit tombait, des comédiens nous lurent des extraits du Journal littéraire et de Villégiature. J’ai perdu peu à peu la trace d’Édith au début des années 2000, sans toutefois jamais l’oublier. Sa dernière lettre date du 8 janvier 2001. C’est aussi l’époque où, de guerre lasse, le connaissant trop intimement, j’ai cessé peu à peu de lire Léautaud. J’avais écouté cent fois les entretiens, acheté sa correspondance chez Flammarion ; lu tous les livres à côté du Journal, visité sa maisonnette du 24 rue Guérard il fallait tourner la page. J’ai cherché par la suite d’autres écrivains à tempérament pour le remplacer. Ce fut long, car Léautaud était inimitable. L’œuvre rangée, comme beaucoup d’entre nous ici j’ai gardé néanmoins près de moi, jusqu’à aujourd’hui, enveloppées dans un bel album, les nombreuses photos faites de lui dans la presse des années 50, où il apparaît que le personnage, même physiquement, était à contre-courant du monde des lettres qu’il côtoyait. Une espèce de dandy des villages, aux vêtements élimés, mais qui savait toujours frapper le regard en arborant ici une écharpe de soie ; là des chaussures vernies ; ailleurs une chemise à carreaux du meilleur effet. En bon fils de gens de théâtre qu’il était, le besoin de marquer les esprits et de faire de sa vie une comédie à ciel ouvert lui était naturel. Ironie de l’histoire, j’ai reçu tantôt des nouvelles d’Édith par une lectrice de Léautaud. J’espère qu’elle nous lit de là où elle se trouve et qu’elle en est heureuse. Heureuse de voir qu’il y a encore des amateurs et des lecteurs passionnés qui continuent grâce à ce site d’entretenir la mémoire vivante de ce bel écrivain… Je me demande d’ailleurs si je ne vais pas lui écrire à nouveau… Jean marc Froidure
est ce que les chats voient les esprits